Pilule ou préservatif : une contraception sans risques ?

Selon l’INSERM, en 2023, 26,8% des femmes(1)  âgées de 18 à 49 ans exposées à un risque de grossesse utilisaient la pilule comme méthode contraceptive contre 56,4% en 2000. Cette baisse drastique de l’utilisation de la pilule est due à plusieurs facteurs et pose certaines questions sur les risques qui lui sont liés. 

 

Les moyens de contraception

Au-delà de l’aspect médical, la contraception(2) est une réelle question sociétale porteuse d’enjeux liés aux droits des femmes. La loi Neuwirth de 1967, qui légalise la vente et l’usage de contraceptifs en France, ainsi que la loi Veil de 1975, qui dépénalise l’avortement, marquent une étape majeure en permettant aux femmes de reprendre le contrôle de leur corps et de leur sexualité en maîtrisant leur fécondité.

Ainsi, plusieurs moyens de contraception plus ou moins efficaces ont fait leur entrée sur le marché au cours des 60 dernières années. On distingue les dispositifs hormonaux des dispositifs non hormonaux. Parmi les non hormonaux, on retrouve souvent le préservatif (masculin et féminin) ou le stérilet (DIU) au cuivre. Le préservatif qui en plus protège des IST (infections sexuellement transmissibles) est la méthode la moins agressive pour le corps. Cependant, seulement 29% des jeunes français déclarent l’utiliser en 2023. Les dispositifs hormonaux quant à eux désignent le patch, l’implant ou encore la pilule. Ces méthodes sont donc plus invasives et modifient les équilibres hormonaux du corps. Malgré ces nombreuses alternatives, il faut bien comprendre qu’aucune n’est parfaite et ne protège contre la maternité à 100%. Le risque zéro n’existe pas, et encore moins quand on parle des IST ou des autres risques médicaux. 

 

« La » pilule ? 

On parle souvent de « la » pilule mais en réalité, il existe de nombreux types de pilule qui s’adaptent à différentes problématiques rencontrées par les femmes (acné, flux des menstruations, mode de vie…). On distingue deux grandes catégories, les comprimés oestroprogestatifs et microprogestatifs(3) qui se déclinent encore en plusieurs autres pilules. Si toutes ont de nombreux effets secondaires avec une notice plus grande qu’une couverture de survie, ils restent dans la majorité des cas anodins. Cependant, le problème se pose notamment pour les personnes menstruées atteintes d’endométriose(4) ou de règles très douloureuses. En effet, les solutions proposées pour cette maladie sont la chirurgie ou la pilule. Les pilules et traitements qui sont souvent recommandés à ces femmes ont fait l’objet d’une étude par l’ANSM(5) qui a mis au jour la probabilité accrue de contracter un méningiome (tumeur cérébrale). On estime une multiplication des risques d’environ 5 à 7 pour les contraceptifs les plus dangereux (Diane 35, Androcur et leurs génériques). Ainsi, on demande aux femmes de choisir entre le risque d’une tumeur, voire d’un cancer et des douleurs très importantes allant jusqu’à affecter le mode de vie. 

 

Prendre la pilule, une contrainte sanitaire mais aussi sociale

Au-delà du risque sanitaire qui pourrait expliquer la baisse drastique de l’utilisation de la pilule, ce moyen de contraception est également lié à des enjeux sociaux. En effet, de nombreuses pilules ne sont pas remboursées par la sécurité sociale et peuvent atteindre des coûts très lourds pour les personnes qui sont déjà dans une situation financière difficile. Selon une étude de 2016 de Santé publique France, environ 4,3% des femmes âgées de 20 à 24 ans n’utilisent pas de contraception. Parmi elles, le coût financier est souvent cité comme le principal obstacle. On peut tout de même noter que le gouvernement a rendu la contraception gratuite en 2022 pour les femmes jusqu’à 25 ans. Cependant, cela ne concerne ni toutes les femmes, ni tous les traitements. 

Mis à part l’aspect économique, la contraception représente une réelle charge mentale qui pèse majoritairement sur les femmes. En effet, ce sont elles qui portent la vie et donc qui sont « tenues » de faire attention. La pilule par exemple doit être prise tous les jours sans oubli sous peine de grossesse. De plus, il n’y a pas réellement de solution fiable de contraception masculine qui a été mise au point. Une pilule masculine avait quand même été développée mais pas mise en vente pour cause de trop nombreux effets secondaires… Pourtant on pourrait penser qu’une contraception masculine serait plus facile à concevoir puisqu’il n’y a pas besoin de tenir compte des cycles menstruels. 

Finalement, la contraception apparait non sans risque et il semble compliqué de trancher entre les différentes propositions. il est donc primordial d’en parler avec un gynécologue ou une sage-femme et d’être à l’écoute de son corps.  

 

Lily Bardoux

 

(1) Le terme "femme" est utilisé ici de manière large, en incluant toutes les personnes pouvant être concernées par la prise de la pilule, quelle que soit leur identité de genre.

 (2) ensemble des moyens employés pour rendre les rapports sexuels inféconds

(3) les pilules dites oestroprogestatives contiennent des œstrogènes et des progestatifs (hormones). Elles sont souvent mieux tolérées et stabilisent mieux les cycles. Quant aux pilules progestatives, elles contiennent uniquement des progestatifs, ont souvent moins d’effet secondaires et conviennent à plus de situations médicales. 

(4) maladie gynécologique inflammatoire et chronique fréquente qui touche près de 10 % des femmes. Elle se caractérise par la présence, hors de la cavité utérine, de tissu semblable à celui de la muqueuse de l’utérus (appelée endomètre). Elle suscite souvent de violentes douleurs et une baisse de la fécondité.

(5) Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé

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